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cernagauthier

lire rêvasser gamberger et écrire

écrire à tout prix (3)

Le jardin secret

Nous avons tous en chacun de nous, tout en l’ignorant la plupart du temps, un jardin dit "secret ", mais que j’envisagerais plutôt sous le terme « d’inexploré ».

Au cours des nombreuses tentatives infructueuses de publications ineptes, je m’en suis pourtant approchée plus d’une fois, sans le savoir. Je préférais insidieusement m’enfermer dans une ignorance rassurante. A courir à perdre haleine après un semblant de talent qui s’avérait indiscutablement inexistant dont le seul fait d’être était cette pernicieuse vacuité désolante, je ne faisait inlassablement que tourner autour de ce jardin vierge, ignorant comme une imbécile, que là tous les espoirs y étaient permis. Il ne fallait seulement que je m’en donne la peine. Bornée, aveuglée par mes prétentions, je préférais perdre mon temps, me perdre en fait, totalement aréactive, dans le désespoir du simple constat de ma non existence et dans les sanglots sans larmes pour avoir accepté par apathie une vie inutile, sans attrait. Vouloir et ne rien faire pour y arriver. Désolant, non ?

Continuer à croire dur comme fer, à la possibilité, un jour, d’une publication qui serait exaltante forcément et par la même occasion la reconnaissance de ses pairs pour exister, ne pouvait que mener tout droit vers une impasse et l’acceptation pleine d’amertume de la dissolution d’une entité créée de toutes pièces par moi-même. Je n’avais d’yeux que pour cette injustice qui me lacérait le cœur. Du coup, le ridicule de la situation m’effleurait à peine, vous pouvez le croire. Les redondances insipides de certains rêves ne pouvaient à la longue qu’être vouées à l’échec. L’admettre était un crève-cœur, pire qu’un poison rendant fou. Pauvre petite chose sans importance ! Indéniable et juste…

Pour y voir clair et combler ses aspirations les plus profondes et sincères, il suffit parfois d’accepter de se faire extrader sans hésiter, sans ressentir la moindre peur, de cette voie erronée, depuis trop longtemps empruntée, afin de s’engager dans un autre chemin pour se garantir une nouvelle vie. L’écriture, très retorse, à multiples facettes, ne se présente à nous jamais comme on l’espère. Loin de là. Il suffit en fait de saisir celle qu’elle daigne nous tendre, c'est-à-dire, celle qui nous oblige à nous confronter au fait qu’on est souvent aux antipodes des rêves qui nous apparaissent immanquablement glorieux !!! Le jardin que j’ai dédaigné par ambition déplacée et facilité présomptueuse, peut devenir, si on a cette justesse dans la compréhension, le dernier refuge vital à l’expression. Transformée, elle ne sera ni bridée, ni censurée. Et par la même occasion, être soi différemment. Telle une exploratrice, quoique aventureuse pour une fois, partir à la recherche de ce nouveau devenir ou faire la simple découverte de ce soi absolument nouveau et s’accorder l’acceptation, plus humble et sans ressentiment, d’une certaine banalité qui ne pourra qu’enrichir des propos très loin du ronflant que j’avais jusqu’alors tendance à affubler mon style. Le mettre en évidence est comme un sauvetage me libérant de tous les maux de la terre qui m’enchaînaient depuis trop longtemps, telle une fatalité sordide, que je portais chaque jour, ahanant sous le poids de ce fardeau angoissant rempli de douleurs sourdes et d’un épouvantable mal être qui emprisonnait un corps amoindri et un esprit faible. Bref, j’en avais ras le bol de m’embourber constamment. Il est donc temps de savoir ce qu’il me fallait ; une retraite où je pourrais à l’envie m’y perdre seule, absolument seule, laissant à l’entrée les boulets du quotidien, mais gonflée à bloc d’audace et de simplicité sereine.

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