"egoïste et méchante" (écrire à tout prix:4)

01/05/2015 16:40

« - De toutes façons, tu es égoïste et méchante. » lui hurla-t-elle au téléphone avec une agressivité paroxystique. Une hystérique haineuse.

Voilà, elle avait lâché sa bombe. Avec une satisfaction vengeresse. La cruauté verbale ne lui faisait jamais défaut dans certains cas. Tel un picador, elle savait toujours planter sa banderille là où cela faisait le plus mal.

Sa sœur aînée, au bout du fil, raccrocha, ulcérée. Trop, c’est trop. Sa cadette avait décidément dépassé les bornes, les limites de ce qui pouvait être accepté. Folle, elle était devenue complètement jobastre. Elle en avait marre de ses sempiternelles rengaines. Ras-le-bol d’elle en général. Il n’y avait pas d’autres mots pour exprimer son exaspération. Le vilain petit canard lui sortait par les trous de nez. Elle faisait à ce jour, à quarante six ans, une overdose de la mal aimée, de l’incomprise, de la pauvre malheureuse. Qu’elle aille une bonne fois pour toutes se faire soigner, au lieu de pourrir la vie de son entourage

Devant le téléphone remis en hâte sur le combiné, elle prenait enfin conscience qu’elle n’était plus capable de supporter sa sœur et sa jalousie maladive. C’était elle la méchante et l’égoïste ! Il ne fallait quand même pas inverser les rôles, en plus de tout ça ! Après le choc des propos, elle grimpa, stressée et le visage livide, les escaliers menant au premier étage de la vieille maison et se dirigea vers sa chambre. Dans la salle de bain, qui était attenante à celle-ci, elle ouvrit l’armoire à pharmacie et saisit son flacon de rescue. En cas de stress, quelques gouttes sous la langue. Rien de mieux pour cette femme que le surmenage et l’angoisse étouffaient à petit feu. Sa mort lente assurée.

Assise sur le rebord de la baignoire, elle avait du mal à calmer les battements violents de son cœur et les tremblements de ses mains. Une migraine naissante commença insidieusement à lui trancher la tête du sommet du crâne jusqu’à la base de la nuque. A ce moment, elle avait à chaque fois une vision de sa tête ressemblant à celle de Terminator n°2, celui en alu, le méchant, les deux parties retombant de chaque côté, comme un poireau scindé dans toute sa longueur, lorsqu’il se payait un pruneau en pleine poire par le héros. Elle se sentait pressurisée. C’était oppressant. Elle prit un gant propre, l’imbiba d’eau froide et alla s’allonger sur le lit. Le gant sur le front, elle ferma les yeux et commença des mouvement respiratoires pour tenter de se relaxer, pour tenter de faire passer ce mal de crâne qui pourtant s’amplifiait de plus en plus. La chambre plongée dans l’obscurité en raison de la chaleur qui plombait à l’extérieur, par sa fraîcheur et son calme..."