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cernagauthier

lire rêvasser gamberger et écrire

Challenge: "La littérature fait son cinéma"saison 2014, La couleur des sentiments de Kathryn Stockett (chronique)

Pour continuer dans le cadre de mon challenge "La littérature fait son cinéma" saison 2014, j'ai sorti de ma PAL La couleur des sentiments de Kathryn Stockett que j'avais aussitôt acheté après avoir vu le film qui m'avait tant émue.. Ce petit chez-d'œuvre cinématographique que j'ai vu à plusieurs reprises en DVD (je suis comme les enfants, j'ai besoins de revoir sans cesse les films qui me plaisent, m'enthousiasment, c'est malgré moi..) a été un coup de cœur, certes, mais aussi un véritable bonheur de découvrir des personnages aux tempéraments particulièrement riches, deux bonnes noires et une héritière blanche, qui vont avoir ensemble le courage de " vouloir changer les choses", en sachant que l'histoire a lieu en 1962, "où les lois raciales font autorité", et dans le Mississippi, état où sévit le Ku-Klux-Klan et où les noirs sont dominés atrocement par des règles civiques indignes. Les 100 premières pages lues m'ont convaincue que j'étais bien partie pour me régaler avec ce pavé entre les mains, mais aussi que le film avait réussi le pari de respecter l'essence même de l'œuvre.. Chaque soir, en reprenant la lecture de La couleur des sentiments, j'avais la sensation de me glisser avec beaucoup d'aisance dans ce livre chorale à trois voix et d'être avec elles, Abileen, Minny et Skeeter, pour les écouter raconter à tour de rôle leur peur moite et terrifiante, il ne fallait pas oublier tous ces noirs inéluctablement massacrés dès qu'ils sortaient du rang ni cette histoire terrible de trois membres actifs d'un comité de défense des droits civiques qui furent assassinés en 1964 dans le Mississippi, mais aussi et surtout leur espoir d'arriver à raconter leur histoire de bonne noire chez les blanches dans ce qui sera au de deux ans de travail ardu un futur livre édité à New York. En effet, Skeeter, une jeune blanche vivant dans une plantation avec ses parents, de retour de la fac, diplôme en poche, est décidée à devenir écrivaine, mais surtout pouvoir vivre dans cette ville qu'on appelle la Pomme. Mais, dans le journal local où elle est engagée à son retour au pays, elle se retrouve seulement cantonnée à reprendre la suite des lettres de Mlle Myrna qui donnent des conseils domestiques aux femmes au foyer.. Jeune blanche élevée par sa bonne Constantine, sa deuxième mère, qui est partie sans rien lui dire, avant son retour, ignorante de la vie ménagère, décide de faire appel à la bonne de sa meilleure amie Élisabeth.. Et c'est au cours de ces dialogues avec Abileen la bonne qui l'aide à écrire les lettres de Mlle Myrna que l'idée mûrit chez Skeeter d'écrire sur le point de vue des bonnes noires en faisant appel à ces dernières, de faire découvrir l'envers du décor , celui masqué par ces familles blanches bornées à un puritanisme extrême, racistes, détestant même les étrangers blancs à leur État, faisant des ventes de bienfaisance afin de récolter de l'argent pour l'envoyer aux enfants noirs d'Afrique mourant de faim tout en dédaignant avec vergogne pour la plupart leur domestique noire jugée sale, porteuse de maladies et invariablement inférieures. Quoiqu'on puisse penser que ces femmes blanches du Mississippi qui font élever leurs enfants par des bonnes sont décrites de manière caricaturale par l'auteure elle même originaire du Mississippi et élevée par une bonne noire dont elle parle à la fin du livre en aparté après les remerciements, il me semble que rien n'est exagéré. Skeeter grâce à Abileen et Minny, en plein contexte historique marqués en plus par l'assassinat de Kennedy qui figea tout le pays de désespoir et de stupéfaction et les remous liés aux revendications égalitaires entre noirs et blancs et à la marche pacifique et multiraciale de Martin Luther King, découvre un autre monde, celui qu'elle avait par atavisme ignoré, sous-estimé, considéré même invisible, comme faisant partie des meubles. Le monde de ces bonnes qui ont élevé tant d'enfants, leur apportant amour et pour certains force morale. L'essence même qui ressort de cette nouvelle amitié se répercutera avec justesse sur la vision que chacune portera sincèrement sur ce qui l'entoure et les fera progresser.. Le livre écrit par toutes ces bonnes eut le succès mérité... Beaucoup d'humour, d'émotion, de révolte et des personnages secondaires étonnants comme la mère de Skeeter ou Miss Celia ou horripilantes comme Miss Hilly avec son obsession des toilettes séparées et qui goûtera amèrement une première défaite cuisante à cause du livre sont déployés avec talent dans ce récit merveilleux.. Du coup, je me regarderais bien une nouvelle fois le film..

Challenge: "La littérature fait son cinéma"saison 2014, La couleur des sentiments de Kathryn Stockett (chronique)
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