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cernagauthier

lire rêvasser gamberger et écrire

Défi lecture 2017: le palier 47= un livre avec un titre qui a un élément du temps chronologique : Le liseur de 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent

Le liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent, s'intéresse, par le biais de la fantaisie pleine de fraîcheur et de l'humour mêlant tendresse et le côté désopilant, au pire cauchemar de tous les auteurs, cette menace horrifique qui s'empresse de se profiler dès la publication de chacune de leur œuvre littéraire : le pilon. Le Terminator, la machine de l'enfer, qui s'applique, jour après jour, avec une voracité insatiable, à dézinguer des montagnes de livres, ces invendus dont il faut se débarrasser au plus vite sans qu'ils puissent par mégarde laisser la moindre trace. Et notre liseur du 6h27, tel robin des bois ou le résistant face à l'ennemi nazie, agit, jour après jour, parce qu'en guerre contre La Chose immonde qui de son côté, méfiante, n'a pas l'intention de se laisser spolier la moindre parcelle de ce qui la nourrit toute la journée, par ces avortons issus de la misère qui fourmillent autour d'elle chargés de la maintenir à plein régime; l'Hideuse rapporte gros à l'entreprise de la honte. Notre protagoniste, Guylain Vignolles, se voue chaque jour, à l'insu de l'employé collabo, l'œil de Moscou, d'une hiérarchie avide au détriment du personnel, de sauver quelques pages qui ont survécu par miracle au cruel pilonnage frénétique et incessant de la Chose, "... née pour broyer, aplatir, piler, écrabouiller, déchirer, hacher, lacérer, déchiqueter, malaxer, pétrir, ébouillanter...". "... ça génocide..", comme disait judicieusement le vieux Guiseppe, l'ami de Guylain. À ce régime, en effet, la victime condamnée sans jugement, n'avait guère le loisir de pouvoir laisser d'infimes traces de son passage éclair dans le monde littéraire qui lui laissa peu de temps pour exister. Et pourtant, en fin limier, les feuilles volages, "... tout ce qui reste du massacres..." étaient vite trouvées et encore plus vite subtilisées à la barbe de la Chose, de Brunner, l'œil de Moscou, et du patron obsédé par le rendement. Guiseppé les appelait avec vénération, "les peaux vives" . Toutes ces "... pelure à demi déchirée et rognée...", glissées entre deux buvard et rangées systématiquement dans sa serviette en cuir qui ne le quittait jamais, devinrent très vite la base voire la matière nécessaire de ce qui allait devenir une véritable passion pour le jeune homme, considéré pour la plupart comme étant "... un doux dingue..". Habitué à se fondre dans la masse, à 36 ans, il était devenu inévitablement transparent, vivant seul avec son poisson rouge, Rouget de Lisle, dans un petit appartement. L'auteur avec beaucoup d'humour a su entourer son personnage principal, voué par fatalisme à la solitude, d'amis atypiques, autant fêlés qu'empreints d'empathie paternelle pour le "... petit...". Il y a bien sûr, Guiseppé, une vieil italien, qui s'était fait atrocement dévorer les jambes par la Chose qui renâclait à s'arrêter de s'empiffrer. Afin d'échapper à la dépression, il avait trouvé moyen de se mettre en tête de retrouver par tous les moyens, aidé et encouragé de Guylain, " Jardins et Potagers d'autrefois " de Jean-Eude Freyssinet, persuadé que ses deux jambes malaxés avec les autres livres avaient indubitablement dû servir de matière à papier pour fabriquer ce livre publié en multiples exemplaires. Tel Don Quichotte aidé de son Sancho Pancha très dévoué qui n'est que notre Guylain qui dans ce but fou usera autant sa carte bleue et ses connaissances pour l'aider dans sa folle quête, il n'avait de cesse de partir en chasse pour reconstituer livre après livre ses deux jambes manquantes. Le second, Yvon Grimbergen, gardien, dans sa guérite, à l'entrée, du camp de la mort, passe tout son temps à s'immerger et à déclamer des classiques, jouant Chimère ou Titus sous les regards ébahis des conducteurs de semi-remorques remplies à dégueuler de livres condamnés à être exécutés par la Chose. Tous les deux rencontrés sur son lieu de travail. Avec l'intention de faire revivre ces pages arrachées à un sort funeste, Guylain prend alors l'habitude de les lire à voix haute dans le métro qui l'amène à son travail qu'il hait. Retrouver ses auditeurs du hasard devient le rendez-vous d'une renaissance inespérée de ces peaux vives. Puis, remarqué par deux vieilles dames, sa lecture s'étend jusqu'en maison de retraite, moment qui vaut le jus, jusqu'au jour où il fait l'étrange et surprenante découverte, à sa place attitrée de liseur dans le métro, un dossier contenant des pages de réflexion pertinente écrite par une inconnue. Dès cet instant, la vie de Guylain va prendre une nouvelle tournure et l'amener à sortir de ses retranchements, décidé à retrouver l'auteure de ces textes magnifiques qu'il partagera avec ses auditeurs du 6h27.

Ce petit roman est un véritable bijou dont l'écrin somptueux est sans conteste son lectorat amoureux exclusivement des livres et de l'écriture personnelle des auteurs. Même si je me suis laissée emballer en vous survolant une partie de cette histoire unique en son genre, il vous reste tout de même pleinement la suite à découvrir s'avérant toujours aussi désopilante que riche en émotions fortes. Je ne connaissais nullement l'auteur, attirée au départ par son titre qui me plaisait et puis les critiques étaient disposés à l'encenser. Grâce au Défi de lecture 2017, j'ai pu le sortir de ma PAL pour le lire dans le cadre du palier 47= un livre avec un titre qui a un élément du temps chronologique. Cette lecture a été un vrai coup de coeur, me permettant de découvrir un auteur hors norme. Il se trouve en y pensant que j'ai aussi dans ma PAL, sans le savoir jusqu'alors, une autre œuvre de cet auteur incroyable. Le reste de leur vie. Cette fois-ci, c'est le sujet qui m'a attirée et poussé à l'acheter. Qui sait, celui-ci correspondra peut être à un des 80 paliers de ce Défi de lecture..

Défi lecture 2017: le palier 47= un livre avec un titre qui a un élément du temps chronologique : Le liseur de 6h27 de Jean-Paul DidierlaurentDéfi lecture 2017: le palier 47= un livre avec un titre qui a un élément du temps chronologique : Le liseur de 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent
Défi lecture 2017: le palier 47= un livre avec un titre qui a un élément du temps chronologique : Le liseur de 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent
Défi lecture 2017: le palier 47= un livre avec un titre qui a un élément du temps chronologique : Le liseur de 6h27 de Jean-Paul DidierlaurentDéfi lecture 2017: le palier 47= un livre avec un titre qui a un élément du temps chronologique : Le liseur de 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent
Défi lecture 2017: le palier 47= un livre avec un titre qui a un élément du temps chronologique : Le liseur de 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent
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