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cernagauthier

lire rêvasser gamberger et écrire

Le tiercé de mes dernières lectures: Si je reste de Gayle Forman, Le soleil à mes pieds de Delphine Bertholon et L'été des lucioles de Gilles Paris

Si je reste de Gayle Forman et Le soleil à mes pieds de Delphine Bertholon lus l'un après l'autre en très peu de temps, choisis au hasard de mes inspirations et pourtant finalement abordant à mon encontre un thème identique qui est l'impérativité à survivre par tous les moyens. Le premier livre parle de la décision de vivre et le second celui de la rédemption.
Si je reste est un livre pour jeunes adultes qui avait été à sa sortie autant décrié par sa présumée platitude qu'encensé parce qu'il racontait l'une des plus belle histoire d'amour aux abords tragiques entre deux adolescents peu ordinaires. Comme beaucoup de romans pour jeunes adultes, et ce depuis l'essor de la Twilightmania, celui-ci n'échappe pas malencontreusement à la règle de se trouver affublé au niveau de la couverture d'une bande publicitaire rouge inappropriée, très péjorative, je trouve, à l'égard de ce petit livre pourtant très simple qui n'a d'intérêt pour le lecteur que sa prose sensible ainsi que sa teneur émotionnelle exacerbée engendrée par une situation très difficile, bien loin des vampires et loups garous et compagnie du monde de Twilight. Si je reste narre en fait le dilemme terrible auquel va être confronté Mia,17 ans. Une jeune fille propulsée à son encontre dans une tourmente désastreuse, alors qu'il y a peu elle n'était aux yeux de tous qu'une adolescente comme les autres, même si elle avait tendance à se cacher derrière son violoncelle et que son petit ami Adam est un musicien rock star dans un groupe en plein ascension. Mais, la cerise sur le gâteau, pour tout le monde, n'était-il pas le fait que le jeune couple s'était toujours avéré aux yeux de tous, surtout à ceux de Kim sa meilleure amie, n'avoir aucune raison d'être.. Cette impossibilité d'être les concernant avait fini ces derniers temps à devenir aux yeux d'une ado, complexée et perturbée par des choix d'avenir à saisir, une obsession qu'Adam se chargeait avec insouciance à balayer avec un simple baiser... Ils s'aimaient, et rien d'autre ne pouvait y changer....Et ensuite, elle se trouve brutalement, sans comprendre, injustement, catapultée dans une situation de perte de toute sa famille, c'est à dire, ses parents et son petit frère, Teddy, d'un seul coup violent asséné accidentellement contre leur bagnole, elle, n'étant plus qu'un corps disloqué, polytraumatisée, plongée dans le coma. Mais, dans cet instanté justement cauchemardesque peut-elle être en mesure de capter l'essence même du ressenti lors d'un deuil qui vous laisse un trou béant dans le bide? Notre jeune héroïne, sortie de son enveloppe charnelle meurtrie, comme égarée, suit pour comprendre ce qu'il lui arrive, ses proches qui lui restent, effondrés dans la salle d'attente mais aussi les soignants qui espèrent pour elle l'instinct de survie, c'est à dire d'un combat tenace pour revenir à la vie et sortir de ce coma.Vivre. La décision de vivre ne peut venir que d'elle, entend-elle des soignantes, même si elle ne tient qu'à un fil, signifiant alors d'accepter de vivre sans ses parents et son petit frère. Mais d'un côté comment vivre sans eux, tout en sachant au tréfonds de son être malmené que sa vie sans Adam lui est autant insupportable? Adam, rendu fou de chagrin, qu'elle voit tout tenter avec sa meilleure amie Kim pour se rapprocher d'elle, lui tenir la main, afin de lui dire son amour prêt à tout pour la suivre partout malgré le groupe, lui chanter une chanson composée à l'instant pour elle.. Le dilemme est là... Vivre ou mourir. Aussi inexplicable que ce soit, le choix lui est échu. Mourir afin de trouver le repos auprès de sa famille, parce ce qu'il est en même temps tentant de se dire" à quoi bon finalement", mais elle continue pourtant de sa nébuleuse où elle avait tfini, épuisée, par se repliée persuadée d'y moins souffrir, en vain, à écouter tour à tour l'espoir inusable quoique fatigué par tous les combats menés sans renoncement des soignants ou alors son entourage hétéroclite aussi fatigué physiquement, qu'anéanti moralement, prêt pour certains à accepter, notamment le grand-père, que cette enfant brisée dans son lit d'hôpital ressente le besoin de lâcher-prise. Vivre par amour de toute une vie à remplir peut aussi bien être une raison suffisante, surtout quand l'envie plus fort que tout est d'essayer de serrer cette main aimée, celle d'Adam. Décider de vivre parce que c'est plus fort que soi, que tout sera-t-il suffisant pour Mia pour se décider à s'accrocher? Si elle restait...
Le livre de Delphine Bertholon est quant à lui, d'un tout autre registre, non seulement par le style du récit, mais surtout au niveau de l'écriture.. Lu très rapidement, avec un arrière goût nauséabond et pénible laissé en fin de lecture, il nous fait pénétrer d'emblée, sans fioritures, très avare de précisions, propice à un imaginaire macabre, dans le monde assez terrifiant et pervers de deux sœurs condamnées aux yeux du monde en raison d'une enfance aux débuts effroyables. Très tôt orphelines, et parce que dans des conditions peu ordinaires, la grande et la petite, des surnoms restés de l'époque où elles vivaient heureuses, seules avec leur mère célibataire, payèrent le prix fort cette liberté volée à la bienséance et à la normalité. La grande à peine âgée de 6 ans découvrit sa mère toujours "endormie" dans son lit. Interdisant l'accès de la chambre maternel à la petite qui s'entêtait à briquer l'appartement en l'attendant, étant la seule à avoir le droit d'y entrer et d'y passer de longs moments à côté du cadavre en plein décomposition, au lieu d'aller prévenir les voisins sans tarder, la grande jouissant dès lors d'une liberté totale, ivre d'imagination infantile s'empare des lieux, contraignant la petite âgée alors de 4 ans à lui obéir. Il faudra attendre une bonne semaine avant qu'elles soient enfin découvertes aux prises d'un appartement puant la charogne, les excréments, saccagés par deux gamines livrées à elles-mêmes.. Les retombées de cette histoire morbide seront désastreuses pour les petites, surnommées par les médias Les filles de la morte, pour être restées sans réagir aux côtés de leur mère décédée brutalement.. Jugées psychologiquement atteintes, elles ne furent ni adoptables ni dirigées vers des familles, la grande se refusant d'être séparée de sa sœur.. Un pécule conséquent dont elles devaient hériter de leur mère à leur majorité fut capté par la grande lui permettant ainsi de faire des études d'infirmière et se destinant au SAMU, toujours aussi fascinée par la morbidité, et s'acheta un petit appart. En contrepartie, la grande paya le loyer modique de la chambre de bonne de sa sœur dès sa majorité, et lui alloua une aide financière, la petite étant incapable de travailler.. Il lui était bien trop souvent difficile à la petite de quitter son petit appart où elle consacrait la majeure partie de son temps à l'astiquer comme une forcenée, la phobie extrême de la saleté mais surtout des mauvaises odeurs était marquée en elle au fer rouge. La mémoire culpabilisante de cette puanteur cadavérique l'enfermait dans son obsession du propre immaculé..Complètement dépendante de la grande, allant de mal en pis, la petite était arrivée à haïr sa sœur aînée. Elle s'en voulait de n'avoir pas à cette époque oser contrarier la grande qui était persuadée alors de n'avoir besoin de personne, puisqu'elle était avec sa sœur, en allant dès le premier jour, frapper aux portes des voisins et demander de l'aide. Il n'y aurait pas eu cette puanteur dans l'appartement maternel, devenue depuis une odeur obsédante et surtout elles ne seraient pas devenues pour tout le monde les horribles enfants de la morte et elle n'aurait pas eu à subir la grossièreté triviale et horripilante de la grande chaque soir avant qu'elle rejoigne les urgences mobiles où elle travaille.. La rencontre inopinée par la petite d'un jeune baroudeur rentré de voyage va ébranler cette gémellité née par obligation le jour du décès de leur mère, le 14 mai et amener la petite à oser quelques balbutiements de liberté, comme l'achat des mêmes sandales dorées que portait leur mère provoquant la fureur de la grande ou refuser de décrocher le tel, sa sœur étant la seule à l'appeler.. Comment couper le cordon qui l'enchainait à elle et de la même manière à un passé cruel et lui échapper pour vivre enfin? La rédemption est au bout pour la petite mais qu'en sera-t-il pour la grande marquée par l'image cadavérique de leur mère, l'enfermant dans son obsession de la mort, de la sienne à ses 6 ans?
Après ces deux lectures qui furent, on peut le dire loin d'être gaies, j'ai voulu me laisser glisser sans temps mort, avec volupté, au son des cigales ivres de chaleur ou de London Grammar, dans L'été des lucioles, une petite merveille propice à un esprit vacancier et à un besoin d'évasion estivale.. Le narrateur, un enfant de 9 ans, raconte ses vacances sur la côté d'Azur avec ses deux mamans, l'une libraire, l'autre peintre et argentine, et sa soeur en pleine crise d'ado, le père quant à lui, refusant de grandir, avait préféré la fuite derrière son appareil photo. Depuis quelques années, ils avaient habitude de venir tous les quatre dans ce bel appart hérité de la sœur du père déserteur qui était situé dans une incroyable résidence, anciennement un grand hôtel luxueux. Ce petit garçon, prénommé Victor, qui garde de loin un œil critique et mature sur les adultes qui l'entourent et qu'il essaie de comprendre, va profiter cet été avec son meilleur ami Gaspard, pour partir à la découverte des sentiers douaniers qui longent la résidence et faire pourquoi pas de nouvelles rencontres comme la Baronne qui lui racontera des bribes d'histoire sur sa tante décédée dans un accident ou les étranges jumeaux.. Un été chargé d'orages de chaleur et illuminé par le retour inhabituel des lucioles disparues depuis si longtemps.. Et en fait, ( c'est là que je me dis, le cigarillo au bec, que j'ai vraiment pris un abonnement aux livres les plus tristes) ce charmant ouvrage, avec une simplicité enfantine, parle lui aussi de rédemption, de réconciliation avec soi même, avec les autres, de pardon, de secret de famille qui peut tétaniser toute une vie... Afin que la boucle soit enfin bouclée, la fin de l'histoire ne peut qu'être dans un esprit de conformité (le seul point négatif du roman à mes yeux ), même au détriment de certains amours qui viennent et partent..

Le tiercé de mes dernières lectures: Si je reste de Gayle Forman, Le soleil à mes pieds de Delphine Bertholon et L'été des lucioles de Gilles Paris
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