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cernagauthier

lire rêvasser gamberger et écrire

Riquet la houppe, un conte de Perrault revisité par Amélie Nothomb

Évidemment, comme il se doit, j'ai démarré la rentrée littéraire 2016 qui serait d'après les critiques concernées pourvue d'un large choix, par la lecture du dernier livre de l'épique Amélie Nothomb: Riquet la houppe.
Lire ce nouvel opus m'a ramenée avec extase à cette période japanisante où elle usait jouissivement des phrasés, des expressions dont la superbe hilarante m'avait toujours fait craquer, tout particulièrement dans Métaphysique des tubes, mon roman préféré. Qu'on ne se méprenne surtout pas, ce dernier récit n'est ni un retour au Japon ni la japanisation du conte Riquet la houppe que je méconnaissais au départ de la lecture, d'ailleurs. Cette façon pleine de richesse, dans des propos hors du commun, de s'accaparer du conte est, à mes yeux enthousiastes, un vrai délice passionnant, en quelque sorte un don héroïque du style qu'elle a naturellement sorti de son escarcelle où le talent se mêle joyeusement, j'imagine du moins, aussi bien avec un imaginaire merveilleux qu'avec un sens inné de l'auto dérision burlesque. Dire que c'est depuis la lecture, qui me laissa aussi estomaquée que subjuguée, de Stupeur et tremblements, le premier livre qui me faisait découvrir une auteure exceptionnelle et plutôt ahurissante avec son chapeau démesuré, supplantant sans être une trahison, une autre auteure aussi étourdissante par son style d'écriture unique, Muriel Cerf, que j'avais habitude de suivre depuis l'adolescence, que je n'ai plus quitté Amélie Nothomb. Les livres qui suivirent, comme ceux écrits antérieurement à Stupeur et tremblement, confortèrent cette nouvelle passion pour cette auteure très prolifique et combien irrésistible par son style souvent truculent. A l'époque, je me trouvais avec émerveillement avec un véritable ovni autant exquis qu'esbroufant entre les mains. S'il y a eu des œuvres, en mon sens, inégales en raison de récits que je trouvais plus saugrenus que maîtrisés, il n'empêche que je suis toujours là, présente au rendez-vous, à chacune de ses publications annuelles attendues, sûre de ne point être désappointée.

Et Riquet la houppe fait partie de ces pépites littéraires qu'on attend d'elle avec bonheur. Certains penseront que j'exagère. Croyez-vous?
Partant d'un conte de Perrault, je présume, qu'Amélie Nothomb suit dans les grandes lignes ( évidemment j'ai été lire le conte d'origine pour pouvoir m'y référer sans souffrir de lacunes ) avec sa modernité fantasque et son aplomb troublant, apposant sa patte personnelle pleine de tendresse et donnant une certaine épaisseur à l'idée que " l'amour donne l'esprit et l'amour à tout ce qu'il touche", il s'avère que ce nouveau roman est magnifique. Et comment ne pas rester insensible à ce petit enfant surdoué, malgré sa laideur, qui a su s'entourer avec intelligence et sensibilité d'un amour indéfectible par ses parents? Lors du coup de foudre romanesque entre Déodat ( Riquet la houppe ) et Trémière, une jeune fille qui souffrit à l'inverse durant sa jeunesse de sa beauté méfiée et considérée par tous et notamment de ses parents comme étant synonyme de nigauderie et d'un grand manque d'intelligence, l'auteure ne cherchait-elle pas à démontrer que la beauté morale ou physique n'était qu'un simple fait subjectif aux yeux de la personne qui vous regarde?

Le roman est si beau et passionnant que je ne peux qu'apprécier le désintérêt de l'auteure pour la morale de Perrault devenu dès à présent bien vieillot, écrit à l'époque de la Carte du Tendre. Amélie Nothomb, ancrée dans sa nature désinvolte, s'est attachée plutôt à décrire sur la fin du roman une très belle histoire d'amour aussi bien intemporelle que très contemporaine par son aspect indescriptible de modernité .

Riquet la houppe, un conte de Perrault revisité par Amélie Nothomb
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